Journée d’étude Philosophie de la culture et des cultures/ Philosophies africaines
Journée d’étude « Philosophie de la culture et des cultures / Philosophies africaines »
Projet Université Paris-Lumières (UPL) « Historismus »
Organisateurs : François Thomas, Stefanie Buchenau
L’objectif de cette journée d’étude sera de réfléchir aux problématiques liées à la philosophie « comparée » ou « interculturelle » en général, et d’étudier comment ces questions se posent, plus spécifiquement, dans le cas de la « philosophie africaine ».
Réfléchir sur la pluralité des langues et des cultures conduit tout d’abord à s’intéresser à un certain nombre de problèmes comme la question de la traduction, de l’essentialisme culturel, des identités culturelles, du relativisme linguistique, des « transferts culturels ». La réflexion sur l’universalisme et sur les différentes conceptions de l’universel est au cœur de ces débats.
A ces questions s’ajoutent ensuite les problèmes liés à l’idée même de la philosophie. Dans quelle mesure peut-on parler de « philosophies d’ailleurs » ? Y a-t-il une philosophie chinoise, hindous, africaine, etc. ? Ou bien faudrait-il plutôt parler de « sagesse » indienne ou de « conception du monde » chinoise, et réserver le mot « philosophie » pour désigner cette tradition de pensée singulière, qui s’est historiquement développée en Europe ? Ou faut-il considérer la philosophie comme une démarche universelle, abordant des problèmes eux-mêmes universels, dont aucune culture, aucune langue, aucun continent ne sauraient revendiquer l’exclusivité ?
Réfléchir sur les « philosophies africaines » (en revendiquant aussi bien le pluriel que le mot de philosophie) conduit, enfin, à revenir sur des débats apparus au XXe siècle et qui se poursuivent aujourd’hui, liés à l’histoire du continent africain et à la situation politique, linguistique, religieuse, économique, sociale de l’Afrique : comme les débats relatifs à l’ethnophilosophie, aux rapports entre oralité et traditions de pensée, à la question des savoirs endogènes, aux problèmes de domination linguistique, etc.
Cette journée d’étude s’inscrit dans la continuité des travaux menés depuis deux ans dans le cadre du projet pluriannuel « Historismus », mené en collaboration entre les Universités Paris-Nanterre, Paris 8 et l’Université de Bonn en Allemagne.
Ce projet s’intéresse aux fondements de la pensée « historiste » ou « historiciste » dans la philosophie allemande des XVIIIe et XIXe siècles. L’une des philosophies les plus importantes, à l’origine de cette tradition, est celle de J.G. Herder qui pose, dès la deuxième moitié du XVIIIe siècle, les bases de tous les débats contemporains sur la pluralité des cultures, sur les rapports entre langues et pensée, la domination culturelle et linguistique, la traduction, la philosophie de l’histoire, la réflexion critique sur l’universalisme des Lumières. La pensée de Herder, au XXe siècle, sera aussi bien une source pour l’anthropologie culturelle comme celle de F. Boas, qu’une référence dans les débats liés à la négritude chez L.S. Senghor, ou dans les débats sur la littérature mondiale. Étudier cette pensée dans sa complexité, prendre toute la mesure de sa fécondité mais tenir compte aussi de ses ambiguïtés et des problèmes qu’elle pose, constitue un des enjeux de ce projet Historismus.
Ce projet s’est décliné selon trois axes. D’une part, le groupe de lecture Paris 8-Nanterre-Institut historique allemand a consacré ses séances ces deux dernières années à la problématique de l’histoire de la philosophie puis à celle de la philosophie de l’histoire. D’autre part, les activités du groupe de lecture franco-allemand (Bonn, Nanterre, Paris 8, CNRS) ont porté en 2021-2022 sur l’historisme dans la pensée de Marx. Enfin, deux journées d’étude sur l’historisme dans la philosophie allemande et dans les arts ont été organisées en juin 2022, en collaboration avec les étudiants du Pôle supérieur de musique du 93.
La journée sur la philosophie interculturelle et la philosophie africaine, prévue pour le 16 juin 2023, poursuivra ce qui a été réalisé ces deux dernières années. Il s’agira de réunir des contributions sur les problèmes fondamentaux d’une philosophie de la culture et des cultures, ainsi que sur les enjeux liés à la philosophie africaine. Ce projet impliquera également des doctorants et des étudiants de master des universités de Nanterre et Paris 8.
Avec la participation de Souleymane Bachir Diagne, Université Columbia.