Séminaire commun 2022-23 : Sixième sens et quatrième dimension : sensorialités, arts et esthétique

Séminaire « Sixième sens et quatrième dimension : sensorialités, arts et esthétiques »

Année 2022/2023 – Par-delà l’oculocentrisme : relations entre les sens et synesthésies

Programme des séances du séminaire en 2022-2023 :

 

Vendredi 25 novembre 2022 (14H-16H) :

« Associations sensorielles, synesthésie, immersion - Au sujet de la représentation linguistique de l’expérience sensible »

Intervenante : Anne Larrory (Université Sorbonne Nouvelle)

Lieu : Salle Mezzanine à la Maison de la recherche de l’Université Sorbonne Nouvelle

 

Vendredi 20 janvier 2023 (14H-16H) :

« L’assignation esthésiologique des arts : un moment dans la pensée esthétique de Johann Gottfried Herder »

Intervenante : Clémence Couturier (Université Picardie Jules Vernes)

Lieu : Salle 005 à la Maison de la recherche de l’Université Paris 8.

 

Vendredi 17 février 2023 (14H-16H)

« Mimétisme et mimesis. Le réflexe corporel dans les théories esthétiques d’Aby Warburg, Walter Benjamin et Theodor W. Adorno »

Intervenante : Léa Barbisan (Sorbonne Université)

Lieu : Maison de la Recherche de la Sorbonne Nouvelle

 

Vendredi 17 mars 2023 (14H-16H)

« Kunst atmen. Künstlerisch-politische Strategien zur Aktivierung des Geruchssinns »

Intervenante : Dorothee King (Fachhochschule Nordwestschweiz)

Lieu : Maison de la Recherche de l’Université Paris 8

 

Vendredi 14 avril 2023 (14H-16H) :

« ‘Avant que mon esprit ne se rendorme dans ce corps’. Synesthésie et sixième sens dans la conception des arts du romantisme allemand »

Intervenante : Julie Ramos (Université de Strasbourg)

Lieu : Université de Paris Nanterre

 

Vendredi 12 mai 2023 (14H-16H) :

« L’accès au divin par les sens dans la théologie à l’époque de la Réforme » / « L’iconoclasme en question en Allemagne à l’époque de la Réforme »

Intervenant/ Intervenante : Hubert Guicharrousse (Université de Paris Nanterre) / Catherine Dejeumont (Université de Paris Nanterre)

Lieu : Université de Paris Nanterre

 

Organisatrices du séminaire : Florence Baillet (Université Sorbonne Nouvelle), Sylvie Le Grand-Ticchi (Université Paris Nanterre), Marie-Ange Maillet (Université Paris 8).

Contacts : florence.baillet@sorbonne-nouvelle, sylvielegrandticchi@wanadoo.fr, marieange.maillet@gmail.com 

 

Présentation du séminaire

Les arts contemporains expérimentent de nouvelles associations et hiérarchies entre les cinq sens (l’odorat par exemple acquiert un nouveau statut), créent des synesthésies, reconfigurent et redéfinissent la relation de l’œuvre à l’espace et au temps. Que ce soit dans le cadre de scénographies muséales, d’expositions ou de représentations théâtrales, les performances et les dispositifs immersifs ou participatifs vont de pair avec une implication corporelle et perceptuelle du spectateur : celui-ci ne se tient plus dans une contemplation distanciée mais se trouve environné par l’œuvre, dont il fait l’expérience de manière en apparence immédiate. Pour l’esthétique, longtemps conçue comme une théorie du jugement, il s’agit dès lors de sortir du paradigme de la réception et de penser à nouveaux frais une agentivité des œuvres d’art, que ce soit autour de la matérialité, ou de la « Bildwissenschaft » (science de l’image), qui a connu un fort impact en Allemagne, ou encore par le biais de notions comme l’atmosphère, la présence, la soma-esthétique, voire à travers certaines réflexions actuelles sur la contemplation comme un regard articulant voir et savoir entre art et religion.

Le rôle de la sensorialité et du corps humain dans les arts et l’esthétique invite à considérer des territoires autres, une sorte de « quatrième dimension » et/ou de « sixième sens ». Ceci devient possible notamment grâce à une mise en perspective historique en remettant à l’honneur le paradigme sensoriel qui est à l’origine de l’esthétique allemande dans l’Aesthetica d’Alexander Gottlieb Baumgarten en 1750/58. Ce paradigme esthétique a été souvent occulté dans les récits de la fondation de cette discipline qui n’y voyaient qu’une préfiguration imparfaite de l’esthétique kantienne. Or, le retour à ses origines historiques montre que, depuis le début, l’enjeu est double : il s’agit de réinventer l’art, mais aussi la sensibilité, et donc l’homme entier.

Spécialistes de l’histoire de l’esthétique, de la science de l’art et de l’anthropologie, du théâtre et des études visuelles, des questions religieuses dans l’aire germanophone, nous proposons donc dans ce séminaire, d’une part, de réinterpréter la tradition esthétique allemande afin de mettre en évidence les articulations qu’elle convoque entre corps, matières et médias, et, d’autre part, d’historiciser de la sorte les évolutions contemporaines, tout en explorant et en analysant ces dernières. Notre séminaire souhaite par conséquent s’ouvrir à d’autres espaces, arts et esthétiques, tout en s’ancrant dans l’aire culturelle germanophone, étant donné l’importance historique de la pensée esthétique allemande.

Des chercheurs et éventuellement des artistes de différentes disciplines et de divers horizons interviendront dans le cadre des six séances prévues pour 2022-2023 (à chaque fois le vendredi de 14H à 16H). Chaque séance se déroulera en deux temps : lors de la première partie, l’invité (voire deux invités) présentera ses recherches en cours ou bien un ouvrage déjà publié ou encore un extrait de texte théorique/un extrait d’œuvre (précédemment communiqué à l’ensemble des participants du séminaire) ; une discussion commune s’ensuivra lors de la deuxième partie de la séance.

En 2022-2023, le séminaire se penchera plus particulièrement sur les relations entre les sens (voire les synesthésies) qui seraient susceptibles d’interroger le primat de la vue, dont on a coutume de dire qu’il caractérise la culture occidentale. Ces questions présentes depuis la conception du séminaire en 2019 ont connu un regain d’actualité depuis lors. Le paradigme immersif poursuit sa progression – à des fins esthétiques et/ou commerciales – tant dans les pratiques artistiques, muséales et/ou pédagogiques que dans les discours liés au tourisme. A la suite de la pandémie du Covid-19, l’importance de l’odorat et du goût (auxquels le virus peut porter atteinte) ou du toucher (mis à mal par les restrictions sanitaires) a été réaffirmée. Nous nous proposons par conséquent d’examiner au sein des pratiques artistiques et/ou de leur théorisation dans le cadre de l’aire germanophone, ainsi que d’un point de vue historique, le rôle joué par d’autres sens que la vue, la remise en question de l’oculocentrisme et les liens particuliers entre les cinq sens qui découlent de cette dernière.